RUOMA

PAR DON

Elle était arrivée à une époque de sa vie ou tout basculait. Elle n’avait pas imaginé pareille situation. Et pourtant c’est bien à elle que cela arrivait comme un cauchemar bien réel dont on ne se réveille pas.

« Vous commencez par votre pain blanc » ce sont les mots qu’un pseudo voyant lui avait prédit alors qu’elle n’ait que 20 ans et dont elle prenait effectivement à ce jour toute la mesure. Au pain blanc, ou tout n’était qu’insouciance, succédait aujourd’hui un « pain noir » ou les ennuis s’abattaient en rafale. Il était déjà bien difficile de vieillir et de constater chaque matin les dégâts du temps qui passe même si elle conservait une silhouette fine et svelte ainsi qu’une bonne santé. Ce qui pour le moment était un atout dans le tumulte des évènements qui se déchainaient autour d’elle.

Sa plus grande peine était d’avoir perdu son intérêt et sa présence qui somme toute la rassurait et lui donnait le courage d’aller de l’avant. Il avait disparu augmentant ainsi son désarroi avec un millier de question sans réponse. Il était pour elle comme une branche saine à laquelle elle se raccrochait pour pouvoir faire face. Si elle n’avait pas mesuré toute l’importance qu’il avait insidieusement pris dans sa vie, ce vide soudainement ressenti lui en donnait parfaitement la grandeur. Elle se sentait lâchement abandonnée comme un jouet jeté parce qu’on ne lui trouve plus d’intérêt. Son sentiment était mêlé autant de colère que de tristesse et venait aggraver sa douleur. Etait-il plus qu’un ami ? Bien qu’elle ne croyait pas en l’amitié entre un homme et une femme, elle s’était interdit de sonder la question et de ne vivre que le plaisir de ses moments de présence sans chercher autre chose. Seule son imagination par moment de solitude s’aventurait dans une histoire plus romantique mais sans lendemain. Ce petit exercice mental était sa bouée de sauvetage, un paradis inviolable ou tout se passait comme elle le voulait. Cependant depuis sa désaffection même ce refuge lui était difficile d’accès.

Rien ne lui sera épargné car en plus de difficultés financières qui s’aggravaient de jour en jour, sa famille se disloquait, son couple se brisait et ne tenait plus qu’à un fil celui de la nécessité. Désormais, elle ne vivait plus qu’avec la peur de sombrer plus bas, de connaitre plus de précarité et encore moins d’amour. Sa solitude était immense. Personne à qui parler, personne pour l’écouter, personne, jamais personne. Elle en ressentait un vide incommensurable et difficilement supportable par moment. C’est alors qu’elle pensait que la mort serait un délivrance. Elle avait pris les dispositions nécessaire pour que son départ ne laisse personne dans l’embarras. Maintenant elle attendait le moment ou l’insupportable ne serait plus supportable. C’est alors qu’elle trouverai le courage de réussir sa mort puisqu’elle avait raté sa vie.